Par où je pourrais commencer? Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été là. Je ne pense pas avoir été quelqu'un avant d'être un esprit. De toute façon, je ne me suis jamais intéresser à ce détail. Moi ce que j'aime faire, c'est observer les gens. J'étais d'ailleurs là lors de la bataille contre Noirceur/Pitch. Et oui! Je sais me faire discrète quand je veux! Un évènement comme ça ne pouvait pas se louper non plus. Mais bref, je m'égare... Au niveau des croyances, je n'ai jamais eu à me plaindre. Déjà à l'Antiquité, on m'a même vénérer. J'ai trouvé ça à la fois amusant et totalement inutile sur le coup. Mais la vraie première personne qui a cru en moi et m'a vu tel que je suis vraiment et pas une sorte de dieu ou déesse en toge ou je-ne-sais-quoi. Le nom ne vous dira rien mais moi, je ne pourrais jamais l'oublier. Son nom était Quentin Allan, il vivait au Moyen-âge et était condamné au bûcher pour sorcellerie...

Ce jour-là, je me baladais parmi les condamnés à mort, il était toujours amusant de voir les réactions des gens face à l'inéluctable. La plupart des gens pleuraient à chaude larme, d'autre suppliait les geôliers de les libérer à cause d'une famille à qui il pourrait manquer mais ce qui me fit voir Quentin en plein milieux de cette foule de cadavres ambulants, ce fut son calme et son léger sourire ironique parmi les pleurs et lamentations. Je me rapprochais en même temps qu'un des prêtre qui avait eu pitié pour les âmes de ces sorciers et sorcières.

-Alors mon fils, avez-vous des derniers pêchers à expier avant votre purification?
-Mon père, croyez-vous vraiment que si j'étais sorcier, je me laisserai brûler?
-Nous ne faisons ça que pour le salut de votre âme. Or le malin ne pourra pas vous corrompre une fois sur les flammes purificatrices du seigneur.
-Mais qu'est-ce qui est vrai dans votre baratin? En quoi devrais-je croire d'après vous? En un dieu qui dit qu'il est amour et préfère brûler vif ses enfants plutôt que les aider?
-Je suis désolé, je vois que vous n'avez pas de pêchers à me confier. Je vais donc y aller, on se verra donc demain si j'ai le temps d'assister à votre purification. J'espère que vous aurez le temps de réfléchir à votre refus de soulager votre conscience maudite...

Sur ce, le prêtre partit en direction d'un autre homme. J'allais m'en aller quand soudain, il prononça des mots qui me pétrifièrent:

-Le temps, c'est bizarre mais j'ai presque l'impression qu'il est avec moi sur ce coups-là...

Je me retournai vers lui. Et je vis alors qu'il pouvait me voir. Il suivit ma main droite du regard et me demanda l'heure. Je fus tellement stupéfait que je sursautais partagé sur le moment entre l'excitation qui me gagnait et ma froideur habituelle. Finalement, je partis.

Le lendemain, j'assistais au bûcher. J'attendais ainsi jusqu'à voir le prisonnier qui m'avait vu la veille. Lorsqu'il monta sur le bûcher sacré, je m'approchais et me planta juste devant lui. Il me vit encore et eut un petit sourire fatigué. Alors qu'ils l'attachèrent au poteau, je me pencha vers son visage et lui demandait avec une voix plus que sérieuse en regardant discrètement l'heure:

-Mérites-tu de vivre?

Sa réponse n'en fut que plus éloque:

-Non... Murmura-t-il

J'avais hoché la tête sur le moment et je sortis une pièce de monnaie de ma poche droite et je la lançais en l'air avant de la rattraper: pile pour la vie; face pour la mort. Ce fut pile qui fut choisi.

-It's show time. Murmurais-je.

Et c'est ainsi que Quentin Allan disparut en moins de quelques secondes sous les yeux ébahis de plusieurs dizaines de personne. Il refit sa vie et je repassait à plusieurs reprises chez lui. A sa mort, j'assistai à son enterrement et je partis après un dernier coup d'œil sur ma montre à gousset.